Pour un projet éducatif local
L’éducation est un facteur majeur d’intégration
et de lutte contre l’exclusion. Elle constitue, à
ce titre, un des enjeux prioritaires de la politique gouvernementale,
notamment dans les quartiers les plus en difficulté.
UNE AMBITION À LA MESURE DES ENJEUX
L’éducation dans les actuels contrats de ville
Une étude menée pour la délégation
interministérielle à la ville a permis d’évaluer
la politique suivie en matière d’éducation
dans les actuels contrats de ville. L’importance de l’éducation
y est reconnue mais elle est appréhendée le plus
souvent dans sa seule dimension scolaire. Il est très
rarement fait référence aux projets d’école,
d’établissement, ou projets de zones d’éducation
prioritaire. Les initiatives des acteurs de l’Éducation
nationale ne sont pas assez coordonnées avec les actions
des municipalités et des associations. Le constat de
ces insuffisances permet de redéfinir les orientations
du volet "éducation" des contrats de ville
nouvelle génération.
Une conception élargie de l’éducation
Le Comité interministériel des villes du 30 juin
1998 a dessiné les grandes orientations de cette politique
nouvelle de la ville en matière d’éducation.
L’engagement résolu de la politique de la ville
dans la lutte contre toutes les formes d’exclusion et pour
la réussite scolaire et sociale de l’enfant ou du
jeune, nécessite la promotion d’une définition
large de l’éducation. Il s’agit de contribuer
non seulement à l’accès aux savoirs fondamentaux
de l’enfant ou du jeune mais aussi à son apprentissage
de la vie sociale et à sa préparation à
la vie professionnelle, à sa capacité à
se situer et à envisager sa place dans le monde, à
se constituer comme sujet.
La politique de la ville doit avoir pour ambition un droit permanent
à la réussite pour tous.
L’éducation dans la ville : une responsabilité
partagée
Se centrer sur la lutte contre toutes les formes d’exclusion
implique de partager collectivement la responsabilité
de l’éducation de l’enfant ou du jeune et de
construire dans le respect des compétences de chacun,
des méthodes éducatives cohérentes et complémentaires
au sein d’un projet commun.
L’élaboration et la mise en œuvre de projets
éducatifs locaux cohérents nécessitent
la mobilisation de l’ensemble des acteurs de terrain, qu’ils
appartiennent à l’Éducation nationale, aux
autres services de l’État, aux collectivités
territoriales et au mouvement associatif, ainsi qu’une
participation des parents, des habitants et de l’ensemble
des adultes de la ville.
La rencontre nationale des acteurs de l’éducation
organisée à Tours les 30 et 31 mars 1999 a démontré
que l’éducation était au cœur du projet
de société porté par la politique de la
ville, et que, en tant que telle, elle devait faire l’objet
d’un débat engageant l’ensemble des acteurs.
LES AXES FONDAMENTAUX DE L’ACTION ÉDUCATIVE
Le rôle des parents
La famille est le premier lieu d’éducation. Malgré
les profondes transformations économiques et sociales
qui ont bouleversé les repères parentaux, il apparaît
que les familles ne sont pas démissionnaires. En revanche,
la reconnaissance de la prépondérance de l’autorité
parentale implique que l’intervention publique soutienne
les familles qui ont besoin de réaffirmer cette autorité.
La politique de la ville doit également faciliter la
participation des parents à la vie de la communauté
éducative : leur collaboration avec l’école
est une des conditions de réussite des enfants.
La réhabilitation des écoles dans les communes
les plus en difficulté que le gouvernement a décidé
de soutenir en 1999, devra être associée à
un vrai projet d’intégration des parents.
Enfin, la politique de la ville contribuera à la création
de réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement
des parents.
L’école républicaine
À l’orée du XXIe siècle, l’école
doit faire face à de nouveaux défis, en s’adaptant,
en évoluant, en se réformant tout en restant fidèle
à ses principes. Les réformes actuellement engagées
(relance de l’éducation prioritaire, charte pour
bâtir l’école du XXIe siècle, classes
relais…) sont déterminantes pour la politique de
la ville.
Aussi, celle-ci doit soutenir l’action des enseignants
dans les multiples difficultés qu’ils rencontrent,
sans se substituer à eux. Il est désormais nécessaire
de coordonner le travail des uns et des autres autour d’objectifs
communs. Dans cette perspective, les préfets, les élus,
les responsables de l’Éducation nationale et les
chefs de projet veilleront à ce que tous les enseignants
travaillant dans les quartiers de la géographie prioritaire
soient pleinement associés à l’élaboration
des volets "éducation" des contrats de ville.
Le cadrage de la coopération entre l’Éducation
nationale et la politique de la ville permettra de la rendre
légitime dans différents champs d’intervention
(mixité sociale, aménagement des locaux scolaires,
ouverture de l’école, relations école/parents,
politique de prévention, aide aux jeunes les plus en
difficulté, accueil et formation des acteurs…).
La socialisation et la vie associative
La politique de la ville reconnaît le travail accompli
notamment par les associations dans la socialisation des enfants
et des jeunes. Des mesures de simplification des procédures
de financement ont été arrêtées pour
faciliter la vie de ces associations. Elles sont les actrices
principales du contrat éducatif local qui organise les
activités de loisir, culturelles et sportives des jeunes
hors des temps scolaires et qui doit, à ce titre, constituer
un pôle majeur du volet "éducation" du
contrat de ville.
La parole et les projets des enfants et des jeunes
La langue est un élément fondamental du lien social.
Aider les jeunes à maîtriser l’usage de la
langue relève donc de la responsabilité de la
politique de la ville. En cette période d’élaboration
du contrat de ville, dont l’un des enjeux majeurs est la
participation des habitants, il est indispensable que soit prise
en compte la parole des jeunes.
Il faut également tout mettre en œuvre pour accompagner
et aider les projets des jeunes (chèques associatifs,
fonds de participation des habitants, junior association…).
Enfin, l’organisation des classes de ville favorisera une
nouvelle relation entre les jeunes et leur ville, à la
transformation de laquelle ils peuvent contribuer.
LE PROJET ÉDUCATIF LOCAL, EXPRESSION DU VOLET "EDUCATION"
DES CONTRATS DE VILLE
L’élaboration et la formalisation du volet "éducation"
Le diagnostic qui permet de déterminer les priorités
d’intervention du volet "éducation" du
contrat de ville doit être conduit en relation très
étroite avec le diagnostic général nécessaire
à l’ensemble du contrat de ville. L’état
des lieux sur le territoire de la ville, du quartier et de l’agglomération
doit identifier les difficultés mais aussi les ressources.
Le partage du diagnostic est essentiel dans la mise en œuvre
des orientations définies qui constitueront l’ossature
du projet éducatif local.
Le projet éducatif local et l’articulation des
dispositifs
Le projet éducatif local doit être préalable
à tout dispositif. On l’organisera en lien avec
les dispositifs généraux de négociation
et de pilotage existants :
le contrat de réussite qui fixe, dans les zones et les
réseaux d’éducation prioritaire, les objectifs
retenus en terme de réussite scolaire ;
le contrat éducatif local qui concerne les enfants et
adolescents scolarisés à l’école maternelle,
élémentaire et au collège. Il a vocation
à intégrer les dispositifs d’accompagnement
scolaires, Associations Éducation Périscolaire
(AEPS), Réseaux Solidarité Ecole (RSE), contrats
locaux d’accompagnement scolaire (CLAS), ainsi que les
actions d’accompagnement scolaire financées dans
le cadre des contrats de ville.
Le contrat éducatif local (CEL) doit également
articuler les différents dispositifs et opérations
proposés pendant les vacances aux enfants et aux jeunes
: centre de vacances, centre de loisirs, VVV, école ouverte…
Le projet éducatif local prenant en compte, au-delà
des activités scolaires et périscolaires, les
dimensions transversales de l’acte éducatif (déplacements
des jeunes dans la ville, espaces d’expression de culture
et de loisirs, aménagements urbains, santé, participation…)
donnera sa cohésion à l’ensemble.
Le projet éducatif local, porté par le volet "éducation"
des contrats de ville, peut se construire à différentes
échelles (agglomération, ville, quartier) qui
doivent s’articuler de façon cohérente. Dans
tous les cas, doit être organisée la consultation
de l’ensemble des responsables des différentes institutions
intervenant dans le domaine de l’éducation.
Un interlocuteur Éducation nationale, représentant
l’ensemble des degrés et des structures de l’institution,
ainsi qu’un responsable du volet "éducation",
seront clairement désignés.
Les élus ont un rôle clé à jouer
dans la définition et le suivi des projets éducatifs
locaux.
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