Fiche d'expérience - Evry
Evry
- Ville nouvelle.
- 50 733 habitants (RGP 1999).
- 1300 agents municipaux.
- Membre du Syndicat d'Agglomération Nouvelle regroupant
les communes d'Evry, Courcouronnes, Lisses et Bondoufle.
- Quatre Conseils de Quartier , mis en place entre 1997 et 1999,
où siègent 20 à 25 habitants cooptés
par des élus.
- En projet, la mise en place de plate-forme de service public
remplaçant les actuelles Maisons de Quartiers ou les
Centres sociaux
Genèse du projet
Historique
Le lancement de la réflexion sur la territorialisation
de la commune d'Evry date d'avril 1997. Cette réflexion
s'inscrit dans la continuité du projet politique de l'équipe
municipale élue en 1995. Elle a notamment été
impulsée par l'Adjoint délégué à
la Démocratie participative et à la vie associative.
D'avril 1997 à janvier 1998, un travail de réflexion
interne a été mené. Il a débouché
sur le lacement, en janvier 1998, d'un travail de concertation
avec les habitants du quartier des Pyramides, durant quatre
mois : deux groupes de 12 personnes, acteurs institutionnels
ou socio-économiques identifiés du quartier, ont
été constitués. Ils ont élaboré
un questionnaire, soumis à 150 habitants, dont une cinquantaine
se sont investis et ont participé à des réunions.
L'analyse du questionnaire et le travail réalisé
en réunions a débouché sur 48 propositions
d'amélioration de la vie quotidienne. Sur cette base,
le Conseil de Quartier des Pyramides a été constitué,
par cooptation. Sa première réunion a eu lieu
en avril 1998.
Par la suite ont été mis en place les Conseils
de Quartier d'Epinettes-Aunette (septembre 1998), Champs-Elysées/Champtiers
du Coq (courant 1999) et Evry-Sud (fin 1999).
Objectifs
L'objectif recherché à travers la mise en place
des Conseils de Quartiers était la mise en oeuvre d'un
principe politique, celui de la démocratie participative.
Le but du projet était de permettre aux citoyens de s'exprimer
entre deux élections municipales, et de les associer
à la définition des projets de quartiers. A signaler
également, la volonté de ne pas limiter la mise
en place de la démocratie participative aux seuls quartiers
"en difficulté" : ce serait stigmatiser ces
quartiers, et surtout ne donner à la Démocratie
participative qu'une fonction de réponse à des
problèmes spécifiques, alors qu'elle se veut projet
politique pour toute la ville.
Ce principe trouve par ailleurs une résonance particulière
dans le cas d'Evry, ville nouvelle qui a été imaginée,
voire "rêvée" par des techniciens. Les
habitants, après la dilution du noyau militant initial,
se sont progressivement vus retirer la parole, où y ont
renoncé. A travers les Conseils de Quartier, l'objectif
est de rendre cette parole aux habitants de la ville.
Le dispositif aujourd'hui
Les structures déconcentrées : quatre Conseils
de Quartier
Quatre des huit quartiers d'Evry sont aujourd'hui concernés
par le dispositif des Conseils de Quartier. Il s'agit des Pyramides,
d'Epinettes-Aunette, de Champs-Elysées/Champtiers du
Coq et d'Evry-Sud. Ces quatre quartiers sont vécus comme
tel par leurs habitants, ils constituent de réelles entités
urbaines.
Chacun de ces quartiers comprend entre 5 et 10 000 habitants.
Seul le quartier des Pyramides est actuellement concerné
par les dispositifs de politique de la ville.
Dans chacun de ces quatre quartiers a été mis
en place un Conseil de Quartier. Pour chaque Conseil de Quartier,
cinq élus sont désignés en Conseil Municipal,
élus qui nomment, par cooptation, 20 à 25 habitants
par Conseil. Les membres des Conseils sont donc des acteurs
reconnus, qui travaillent ou habitent dans les quartiers concernés.
Au sein des Conseils de Quartier se réunissent des commission
et des groupes de travail sur des thèmes précis,
avec pour finalité de faire remonter les demandes et
les projets vers le Maire et ses adjoints. Les Conseils de Quartier
ne disposent pas de moyens financiers propres, mais des sommes
sont prévues dans le budget général pour
répondre rapidement aux demandes qu'ils expriment.
Pilotage des Conseils de Quartier
Chaque Conseil de Quartier est placé sous la responsabilité
d'un "Président de Conseil de Quartier". Les
quatre élus qui assurent actuellement cette fonction
représentent chacun l'un des groupes de la majorité
municipale. Trois d'entre eux sont des adjoints, l'un est conseiller
municipal.
Ces élus ont pour fonction d'animer le Conseil et les
groupes de travail et commissions qui se constituent en son
sein, sur des thèmes proposés par le Président
de Quartier. Il veillent à faire remonter les propositions
des Conseils vers le niveau central de la Municipalité.
Outre leur fonction de Président de Conseil de Quartier,
ces élus restent en charge d'une thématique au
sein du Conseil Municipal.
Au niveau central, le dispositif est piloté par le Secrétaire
Général Adjoint chargé de la Démocratie
Participative et de la Communication. Les Conseils de Quartiers
sont en outre rattachés à la Mission Politique
de la Ville, avec laquelle ils travaillent en lien étroit.
Enjeux et perspectives
En projet : le développement de la démocratie
locale et des services publics de proximité
Le dispositif des Conseils de Quartier pourrait être étendu
à d'autres quartiers d'Evry, notamment Evry-Village ou
Bois-Sauvage.
Le lien entre la Municipalité et les associations, autre
volet de la Démocratie participative, devrait également
être développé dans un avenir proche. Une
collaboration entre la Ville et les associations existe déjà
dans le cadre de la politique de la ville, que le Maire souhaiterait
étendre : dans ce but auront lieu des Rencontres Associatives
à la fin du premier semestre 2000, Rencontres qui devraient
déboucher à l'automne sur la tenue d'Assises Associatives
et la rédaction d'une Charte.
Le développement de ces deux volets de la Démocratie
participative viendra renforcer le troisième, à
savoir les visites régulières, tous les samedis
matin, du Maire dans les quartiers afin de rencontrer les habitants.
En matière de services publics de proximité, il
existe actuellement à Evry plusieurs mairies annexes,
et, dans chacun des huit quartiers de la ville, un centre social,
une Maison de quartier ou une MJC. Dans le cadre du développement
de la politique de territorialisation, il est prévu de
transformer certains de ces équipements en plate-forme
de services publics, où seraient présents des
services communaux (état-civil notamment), des Assistantes
sociales de la CAF, le CCAS, EDF, les bailleurs sociaux, un
accueil emploi, etc. Il est également prévu, à
terme, que les services de l'Etat soient intégrés
à la démarche. En ce qui concerne les services
communaux, il n'est prévu d'en déconcentrer qu'une
partie, ce afin que les habitants continuent de se rendre en
centre-ville pour les formalités autres que les plus
courantes, et ne restent pas "enfermés" dans
leur quartier.
Difficultés et enjeux de la territorialisation
Dans leur fonctionnement, les Conseils de Quartier doivent trouver
leur place et leur équilibre entre deux pôles :
d'un côté la tentation de fonctionner comme une
commune à échelle réduite, réfléchissant
sur des enjeux trop généraux. De l'autre, le risque
de ne prendre en compte que les enjeux de proximité,
de ne pas assez replacer le quartier dans le contexte de la
ville, et finalement de perdre de vue la nécessité
d'un projet de ville au-delà des projets de quartiers.
Tout l'enjeu pour chaque Conseil de Quartier est donc de prendre
en compte ses spécificités, mais aussi de les
replacer dans le contexte de la ville, de réintroduire
en permanence de la centralité. Dans cet esprit, il est
d'ailleurs prévu prochainement une réunion des
quatre Conseils de Quartier pour un échange général.
La réflexion doit aussi porter sur l'organisation interne
des Conseils de Quartier et leur manière de travailler
: à l'heure actuelle, les Conseils ont un peu tendance
à fonctionner sur le même mode que le Conseil Municipal,
avec des commissions généralistes. Il est prévu
que ce fonctionnement évolue vers une organisation mieux
adaptée à la conduite de projets : les commissions
auraient pour fonction de définir un projet pour le quartier,
projet qui serait ensuite mis en oeuvre par un groupe de travail
constitué pour la durée du projet.
La position des Présidents de Conseils de Quartier est
à questionner : en effet, ces élus conservent
actuellement une responsabilité thématique au
sein de l'organisation municipale. Or cet état de fait
est susceptible d'introduire un biais dans leur perception de
leur rôle de Président de Conseil, en les rendant
plus sensible à certaines questions.
L'institution municipale, en mettant en place des Conseils de
Quartier et en rendant la parole aux habitants, a généré
une demande sociale, des revendications, auxquelles il lui faut
à présent répondre efficacement. Le premier
enjeu pour la Municipalité, aujourd'hui, est donc de
développer des dispositifs de réponse efficaces
et rapides aux demandes exprimées par les habitants.
Mais, au-delà de cette évolution de la réponse
municipale, c'est toute l'institution qui devrait être
amenée à se réorganiser en fonction de
l'enjeu territorial. Certains services ont déjà
commencé à s'organiser en fonction des territoires
: c'est le cas des services techniques qui ont mis en place
des "brigades" d'intervention contre les tags, et
de la Mission Ville qui devrait prochainement être organisée
autour de référents territoriaux. En la matière,
tout l'enjeu pour l'échelon central est d'accepter de
se dessaisir d'une partie de ses prérogatives au profit
des territoires : plus on décentralise l'organisation
en effet, plus le niveau central se trouve remis en cause.
Le dernier enjeu d'importance à prendre en compte est
celui d'une éventuelle intégration de la logique
de territorialisation par l'échelon intercommunal : la
commune d'Evry est membre d'un Syndicat d'Agglomération
Nouvelle (SAN) regroupant quatre communes, et prochainement
amené, avec la sortie du statut de ville nouvelle, à
évoluer vers une communauté d'agglomération.
Or le SAN considère aujourd'hui que les thématiques
de participation des habitants ne sont pas de son ressort, et
ne prend pas en compte ces problématiques dans les domaines
qui sont de sa compétence ou pour lesquels il a compétence
partagée avec les communes (notamment l'aménagement,
la gestion de certains équipements sportifs ou culturels,
l'habitat, l'entretien des espaces publics, etc.). A terme donc,
la contradiction ne pourra manquer d'apparaître entre
les pratiques des communes et celles du SAN.
Contacts
Mairie d'Evry 01 60 91 60 98
Claude Chouteau Secrétaire Général Adjoint
chargé de la Communication et de la Démocratie
participative
Miled Zrida Directeur de la Mission Ville
Crédits
Cette fiche a été rédigée par Pascale
Korn pour le compte de la Délégation Interministérielle
à la Ville, dans le cadre du partenariat conclu entre
cette institution et la Commune de Montreuil pour l'organisation
de la Première Rencontre Nationale "Territoire et
proximité, moteurs de la modernisation du service public
des communes" qui s'est tenu les 24 et 25 février
2000.
Les expériences en matière de territorialisation
de quatorze collectivités locales ont été
recueillies en janvier-février 2000 :
Pour neuf de ces collectivités, des entretiens ont été
réalisés auprès de responsables administratifs
ou politiques. Il s'agit du Conseil Général du
Nord et des communes d'Amiens, Boulogne-Billancourt, Dunkerque,
Evry, Mâcon, Nantes, Poitiers et Rennes.
L'expérience des cinq autres collectivités a été
recueillie par l'intermédiaire d'entretiens transmis
à des responsables administratifs, entretiens qui ont
ensuite fait l'objet d'une synthèse. Il s'agit du Conseil
Général du Rhône et des communes de Cergy,
Montreuil, Saint-Herblain et Strasbourg.
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