Fiche d'expérience - Strasbourg
Strasbourg
- 264 000 habitants (ville).
- 6 300 employés (Ville et communauté urbaine).
- Membre d'une Communauté Urbaine de 27 Communes (451 000
habitants).
- La ville est découpée en 10 quartiers avec désignation
dun Adjoint de Quartier et création dun Comité
de Quartier.
- Une direction de laction territoriale coordonne le dispositif
des Comités de Quartier et assure le lien avec lensemble
de ladministration.
Genèse du projet
Historique
Le projet municipal présenté par l'équipe
municipale élue en 1995 proposait un approfondissement
des démarches déjà initiées en matière
de démocratie participative -conseil de jeunes, conseil
consultatif des résidents étrangers, comité
de pilotage de quartier.
Les élus et les fonctionnaires municipaux ont réfléchi
ensemble à l'élaboration d'un dispositif dapprofondissement
de la Démocratie locale et de modernisation du service
public local.
Le conseil municipal du 5 février 1996 a ainsi décidé,
sur la base dun découpage de la ville en 10 quartiers,
de créer des Comités de Quartiers et de désigner
un Adjoint par quartier. Dans le même temps, une Direction
de lAction Territoriale a été créée
pour accompagner le dispositif et assurer linterface avec
ladministration communale.
Ces décisions sont fortement inspirées des démarches
initiées par les équipes opérationnelles
Contrat de Ville sur les quartiers prioritaires de la politique
de la ville avec une volonté forte d'en faire bénéficier
l'ensemble du territoire communal.
Par délibération du conseil municipal le 20 décembre
1999, les Comités de Quartier sont ensuite devenus des
Comités Consultatifs de Quartier conformément
aux dispositions à la loi Administration Territoriale
de la République (ATR) du 6 février 1992. Ils
sont ainsi entrés dans le "droit commun".
Objectifs
La démarche globale vise à répondre aux
exigences dinformation, de participation, de proximité
des habitants et à prendre en compte une citoyenneté
de résidence notamment en direction des habitants qui
sont les plus éloignés de la citoyenneté
élective. Le quartier est considéré comme
un nouvel espace public que la municipalité doit prendre
en compte, espace public qui rassemble les habitants, les acteurs
sociaux, les élus et les techniciens.
Dans le même temps, il sagit dimpliquer lensemble
de ladministration afin daméliorer le service
rendu et d'assurer une meilleure information et une plus grande
lisibilité de laction de la collectivité.
Le dispositif aujourd'hui
Des Comités de Quartier qui rassemblent des représentants
du quartier
Le découpage de la ville en 10 quartiers a repris le
découpage en Cantons du Conseil Général.
Chaque quartier comprend entre 20 et 25 000 habitants.
-?LAdjoint de quartier est lanimateur du dialogue
social et il préside le Comité de Quartier. LAdjoint
à la Démocratie locale coordonne laction
des 10 Adjoints de quartier qui conservent par ailleurs leurs
responsabilités thématiques.
-?Le Comité de Quartier a pour fonction dêtre
le lieu central du dialogue entre les principaux acteurs sociaux
du quartier. Il est composé des conseillers municipaux
habitant le quartier, du Conseiller général, du
Député -sil habite le quartier-, des représentants
du Conseill Consultatifs des Etrangers et du Conseil des Jeunes,
des représentants socio-professionnels, des associations
du quartier.
Une direction pour territorialiser laction municipale
La Direction de lAction Territoriale a été
pensée comme une structure dimpulsion et danimation
plus que de gestion. Elle doit en effet solliciter les services
et ne pas se substituer à eux. Elle est directement rattachée
au Secrétariat Général et son responsable
est membre de la Direction Générale. Quatre grandes
missions lui ont été confiées à
sa création:
-?Organiser la gestion quotidienne -centralisation des demandes
dintervention, relais auprès des services et suivi
des réponses, secrétariat des Comités de
Quartier.
-?Coordonner la mise en oeuvre de la politique des quartiers
-connaissance des quartiers, animation des dispositifs de concertation,
développer une fonction expertise pour la maîtrise
douvrage opérationnelle.
-?Animer le dispositif Contrat de Ville.
-?Organiser les réunions publiques du Maire dans les
quartiers en lien avec la direction de la communication.
En 1996, la D.A.T. a été composée d'un
directeur (SGA), de cinq Chargés de Mission de Quartier,
de cinq Correspondants de Quartier, d'une cellule Contrat de
Ville de 3 personnes et un secrétariat/ressources de
6 personnes.
Les Chefs de Projet Développement Social Urbain qui intervenaient
sur les sites prioritaires des Contrats de Ville ont été
intégrés au nouvel organigramme.
La territorialisation à léchelle du quartier
Dans le quartier, lAdjoint et le Comité de Quartier
sont appuyés par un binôme chargé de Mission
Quartier/Correspondant de quartier.
Le Chargé de Mission Quartier exerce les missions d'expertise
quartier, de connaissance fine et de production danalyse,
d'organisation de la concertation, de relation avec les acteurs,
d'assistance à maîtrise douvrage et à
maîtrise d'oeuvre auprès des services.
Le Correspondant de Quartier est lui plus particulièrement
responsable de la vie quotidienne et du suivi des plaintes.
Les Mairies de Quartier, dont la politique dimplantation
se poursuit, sont en charge dun accueil polyvalent et
des démarches détat-civil traditionnelles.
Sur les quartiers prioritaires de la Politique de la Ville,
le Chargé de Mission est coordinateur des équipes
opérationnelles -qui existaient avant 1995- qui rassemblent
des agents de la CUS, de certains services publics et des représentants
dassociations engagées dans le Contrat de Ville.
Cette coordination des acteurs de terrain doit sétendre
progressivement aux autres quartiers de la ville.
Dautres services fortement territorialisés sont
organisés suivant différents découpages :
laction sociale, avec 6 unités territoriales -compétence
Ville par convention avec le Conseil Général-,
laccueil population avec 9 mairies de quartier, et dautres
périmètres pour les services Education, Jeunesse
et éducation populaire, Services techniques, Police municipale
Enjeux et perspectives
Premiers éléments de bilan
La prise en compte du quartier dans la conception des politiques
municipales sest améliorée depuis trois
ans. Le recours aux compétences de la DAT par les élus
tend à se systématiser. Le positionnement des
Chargés de Mission et des Adjoints de Quartier vis-à-vis
des services municipaux, leurs fonctions -interpellation, expertise,
appui mais en aucun cas de substitution- ont permis de faire
évoluer réellement le service rendu aux habitants.
Par contre, du côté de la population, la D.A.T.
-les chargés de mission et les correspondants de quartier
essentiellement- doit progresser encore pour être suffisamment
repérée comme outil dappui aux projets et
comme service de traitement/suivi des plaintes et demandes.
Cependant, lobjectif dajustement de lintervention
publique à la demande sociale dans un souci de cohérence
entre le quartier, la ville et lagglomération a
sensiblement progressé après 3 ans dexpérimentation.
Lenjeu principal à venir dans ce champ de ladaptation
de lorganisation est de stabiliser ces acquis, de faire
entrer la territorialité dans le "droit commun"
après lexpérimentation, de diffuser à
lensemble des quartiers les démarches de coordination
déjà présentes sur les quartiers prioritaires
Contrat de Ville -les équipes opérationnelles-,
darticuler lactivité des Mairies de Quartier
avec le dispositif de territorialisation.
Des Comités de Quartier aux Comités Consultatifs
de Quartier
Les perspectives dévolution les plus importantes
devraient se concrétiser dans le champ des dispositifs
de démocratie locale : suite aux initiatives du
Comité de Liaison des Associations de Quartier (CLAQ),
structure informelle créée par une vingtaine dassociations
strasbourgeoises pour porter un regard critique sur la démarche
engagée par la Ville, le maire de Strasbourg a déclenché
en 1999 un véritable processus de transformation du fonctionnement
des comités de quartier.
Avec lappui de l'Observatoire Régional de lIntégration
et de la Ville (ORIV centre ressources DIV), lensemble
des acteurs -élus, professionnels, associations, habitants-
ont mené un travail de réflexion collective qui
a dabord donné lieu à un livre blanc puis
au premier Forum de la Démocratie locale de Strasbourg
-26 juin 1999-. Ce travail dévaluation a permis
didentifier les avancées mais aussi les faiblesses
des comités de quartier : flou dans le fonctionnement
-ordre du jour, périodicité insuffisante des réunions,
etc.-, non-prise en compte de points de vue exprimés,
impossibilité pour les habitants à participer
directement aux travaux des comités, etc.
Sur la base de propositions élaborés lors de ce
Forum, le Conseil Municipal a décidé de la transformation
des Comités de Quartier en Comités Consultatifs
de Quartier le 20 décembre 1999. Un certain nombre de
modifications dans les règles de fonctionnement de ces
instances ont été mises en oeuvre : ouverture
des réunions du comité à lensemble
des habitants, place des associations plus importante avec notamment
la mise en place dun bureau de 6 membres -dont trois associatifs-
en charge de la préparation de lordre du jour et
de lanimation des réunions, communication plus
importante des activités des comités en direction
de la population, création d'une enveloppe globale de
200 000 francs allouée au fonctionnement des Comités
Consultatifs de Quartier, etc.
Une Direction confirmée et étoffée
La D.A.T. a vu sa configuration et ses moyens sélargir :
dabord en intégrant les services Accueil-Population-mairies
de quartier et Jeunesse-Education Populaire, puis récemment
le service Habitat-Logement, la Police Municipale et Rurale
et le service Prévention-Médiation.
Fin 99 elle est ainsi devenue la Direction de lAction
Territoriale et de la Tranquillité Publique (D.A.T.T.P).
Ses missions initiales sont regroupées au sein du service
de la Territorialité qui coordonne :
-?Les équipes de quartier avec à chaque fois un
chargé de mission et un correspondant de quartier, en
charge du suivi dun ou de deux cantons, soit un effectif
en 2000 de 13 agents.
-?La cellule contrat de ville -2 agents.
-?La direction de projet des opérations de renouvellement
urbain et du GPV -2 agents.
-?Léquipe du Conseil Consultatif des Etrangers
-5 agents.
-?Un pôle ressouces et secrétariat -7 agents.
Le chef de service est également Directeur Adjoint de
la D.A.T.T.P.
Le choix politique effectué en 1996 de lier étroitement
approfondissement de la Démocratie locale et Territorialisation
de laction publique avec la création de la Direction
de lAction Territoriale se trouve aujourdhui confirmé.
Les évolutions de ces deux démarches seffectuent
malgré tout à des rythmes et selon des modalités
différentes. Lenjeu pour la D.A.T. et pour la Ville
de Strasbourg est bien à lavenir de maintenir ce
lien fort entre deux stratégies qui se transforment à
"grande vitesse".
Contacts
Mairie de Strasbourg 03 88 60 90 90
Alain KAUF Maire-Adjoint
Yves AUBERT Directeur Adjoint DATTP
Christophe LAFOUX Secrétaire Général Adjoint
Crédits
Cette fiche a été rédigée par Pascale
Korn pour le compte de la Délégation Interministérielle
à la Ville, dans le cadre du partenariat conclu entre
cette institution et la Commune de Montreuil pour l'organisation
de la Première Rencontre Nationale "Territoire et
proximité, moteurs de la modernisation du service public
des communes" qui s'est tenu les 24 et 25 février
2000.
Les expériences en matière de territorialisation
de quatorze collectivités locales ont été
recueillies en janvier-février 2000 :
Pour neuf de ces collectivités, des entretiens ont été
réalisés auprès de responsables administratifs
ou politiques. Il s'agit du Conseil Général du
Nord et des communes d'Amiens, Boulogne-Billancourt, Dunkerque,
Evry, Mâcon, Nantes, Poitiers et Rennes.
L'expérience des cinq autres collectivités a été
recueillie par l'intermédiaire d'entretiens transmis
à des responsables administratifs, entretiens qui ont
ensuite fait l'objet d'une synthèse. Il s'agit du Conseil
Général du Rhône et des communes de Cergy,
Montreuil, Saint-Herblain et Strasbourg.
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