FICHE
D'EXPERIENCE - Commune de Montreuil
Montreuil
- 91 146 habitants.
- 1 960 agents municipaux.
- La Ville est divisée en 11 quartiers et 5 secteurs regroupant
chacun deux ou trois quartiers.
- Plusieurs services municipaux sont présents dans chaque
secteur, ainsi que des Pôles d’information multi-services
dans trois d’entre eux.
- Dans chaque quartier se trouve un Conseil de Quartier.
Genèse du projet
Historique
La réflexion sur la territorialisation de la Ville de Montreuil
a commencé en 1994 avec la mise en place d’un premier
élu de quartier. Ce dispositif a ensuite été
étendu à trois quartiers avec un pilotage assuré
par un binôme élu-coordinateur DSU. Le nouveau mandat,
en 1995, a vu naître un découpage de la ville en
11 quartiers -avec un maire-adjoint dans chaque quartier. Dans
le même temps est apparue la volonté de réorganiser
et de moderniser l’administration dans son ensemble, à
travers un certain nombre de chantiers : organigramme, démarche
qualité, formation, écoute du personnel, et territorialisation.
Ce dernier projet a été lancé de façon
effective fin 1996, avec le recrutement d’un chef de projet
rattaché au Secrétaire Général.
D'octobre 1996 à septembre 1997, les principes du projet
ont été définis, puis validés lors
du séminaire des cadres. En octobre 1997, le Pôle
d'Information Multi-Service (PIMS) a été ouvert.
D'octobre 97 à mars 98 se sont réunis les groupes
de travail "territorialisation technique", et le premier
Responsable Technique de Secteur a été mis en place.
En janvier 1998, le groupe de travail "services d’animation"
a été lancé. Fin 1998, le Responsable de
Secteur pour l'Animation Bas Montreuil a été mis
en place. Les Responsable Technique de Secteur ont été
généralisés début 1999, et les Responsables
de Secteur pour l'Animation généralisés en
septembre 1999.
La conduite de ce projet s’est faite dans le cadre d’une
démarche participative, avec une cinquantaine de réunion
de groupes de travail qui ont défini concrétement
l’organisation territoriale à partir des principes
qui avaient été posées par la Municipalité
et la Direction Générale. Ces groupes de travail
étaient composées des différents niveaux
hiérarchiques et de représentants des différents
services. Par ailleurs, en deux ans, une dizaine de réunions
de tout le personnel concerné ont eu lieu. Quant au Comité
Technique Paritaire, il a été consulté à
chaque étape.
Aujourd'hui, il existe un groupe de suivi du projet, qui se réunit
tous les 15 jours.
La population a également été associée
à tout le processus de mise en place du dispositif : chaque
étape du projet a été soumise aux Conseils
de Quartier, notamment pour ce qui concernait l’analyse des
demandes et des besoins de la population. Sur l'un des chantiers
de la territorialisation, la plate-forme de service public, l’ensemble
des foyers du quartier concerné ont été consultés
de manière précise, via appel téléphonique
par automate, ce qui a donné de très bons résultats.
Objectifs
Le dispositif de territorialisation mis en oeuvre par la Ville
de Montreuil répond à deux grands types d'objectifs
:
Un objectif interne, celui de réorganiser en profondeur
les services municipaux. Dès l'origine en effet, la territorialisation
a été conçue non pour répondre à
un problème précis, mais comme une nouvelle organisation
de droit commun sur l'ensemble des champs d'action de la collectivité.
On a donc cherché à améliorer la transversalité,
à responsabiliser les agents, à améliorer
la réactivité des services.
Un objectif externe, celui de mieux répondre aux attentes
de la population, d'une part en lui offrant une meilleure efficacité
de la résolution des problèmes quotidiens par l'identification
d'interlocuteurs capables d'y répondre et assurant une
coordination des services à l'échelle d'un quartier,
d'autre part en renouvelant les méthodes traditionnelles
de concertation de la population, par la mise en place d'élus
et de Conseils de Quartier.
Le dispositif aujourd'hui
Découpage de la Commune
Le territoire de la Commune de Montreuil est aujourd'hui divisé
en 11 quartiers. 5 "Secteurs", ou "Territoires"
regroupent par ailleurs chacun deux -trois dans un cas- des 11
quartiers.
Le découpage en quartiers correspond, à quelques
exception près, au vécu de la population quant à
l’identité de quartier. Quant au découpage
en 5 Secteurs, il a fait l’objet d’une réflexion
en terme de cohérence territoriale, d’économies
d’échelle pour la déconcentration des services,
et a surtout respecté le principe de base du respect du
découpages des 11 quartiers.
Chaque quartier comprend en moyenne 9000 habitants, et chaque
Secteur 20 000 -mais le plus grand des Secteur regroupe deux fois
plus de population que le plus petit.
Tout le territoire communal est concerné par ce maillage,
en vertu du principe selon lequel la territorialisation est l’affaire
de tous et n’est donc pas limitée à certains
territoires spécifiques.
Réorganisation du système politique municipal
Le dispositif administratif a suivi et répondu à
la mise en place du dispositif politique, et non l'inverse : les
onze élus de quartiers ont en effet été mis
en place en 1995, c'est-à-dire avant le début de
la territorialisation des services.
Le principe retenu est celui de la "double casquette"
: tous les élus de quartiers ont aussi une délégation
thématique et pour la majorité d’entre eux
sont des adjoints. Par ailleurs, les trois-quart des membres du
bureau municipal sont aussi élus de quartier. Cette "double
casquette" permet une meilleure articulation entre les logiques
thématiques et territoriales puisque la plupart des élus
peuvent, selon les dossiers, être dans des positions différentes.
Les élus de quartiers ont un réel pouvoir d’orientation,
de pilotage politique des projets de leur quartier et pas seulement
d’écoute ou de représentation de la municipalité.
La municipalité a posé le principe d’une concertation
préalable entre élus de quartier et élus
thématiques ainsi que, le cas échéant, d’une
primauté du territorial sur le thématique, le bureau
municipal étant le lieu d’arbitrage final où
des points réguliers sont faits sur les quartiers.
Réorganisation du système administratif municipal
La territorialisation a été menée en parallèle
avec une réforme de l’organigramme, qui s'est notamment
traduite par la mise en place de 5 Directeurs de Territoire. Ils
sont membres à part entière de l’équipe
de Direction - Directeur des bâtiments, DRH, Directeur de
l’éducation, etc.-, mais ont aussi une casquette territoriale
et encadrent à ce titre le Responsable Technique de Secteur
et le Responsable de Secteur pour l'Animation. Ils ont aussi une
responsabilité globale sur leur Secteur.
Un Directeur Général adjoint suit la territorialisation
et les quartiers. Un chef de projet a été désigné
pour conduire et suivre le projet de territorialisation depuis
fin 96. En revanche, il n’existe pas de service spécifique
chargé de gérer la proximité ou la territorialisation.
Cette fonction est de fait répartie dans l’ensemble
des services et des directions afin que la territorialisation
soit bien perçue comme l’affaire de tous et non l’affaire
d’un service spécialisé relayé par quelques
équipes de terrain. Dans les faits, la coordination se
fait, de manière collégiale, lors des groupes de
suivi de la territorialisation sous la conduite du DGA et des
directeurs de territoires et lors des réunions du Comité
de Direction.
Quant à la prise en compte de la logique de déconcentration
par l'ensemble des services, elle a fait l’objet d’un
examen précis lors des groupes de travail avec comme critère
principal la valeur ajoutée. Dans tous les cas où
la déconcentration d’une activité risquait
d’entraîner moins d’efficacité, elle a
été évitée. Dans certains, cas des
dispositifs intermédiaires ont été mis en
place -nomination de référents par quartier. Même
s'ils sont maintenus au niveau central, tous les services doivent
intégrer la priorité territoriale -y compris les
services fonctionnels-, mais à chaque fois de manière
différente.
Structures déconcentrées dans les Secteurs
Les services municipaux des domaines techniques, social ou d'animation
avaient déjà une organisation sectorisée.
La territorialisation a donc moins consisté à déconcentrer
du personnel -même si cela a été le cas- qu’à
harmoniser leurs références territoriales et surtout
à mettre en place de nouvelles structures de coordination
transversale. Le service DSU, qui avait initié une approche
transversale et de coordination des services, avec six coordinateurs
dans six quartiers, a été intégré
à la démarche et à la nouvelle équipe
territoriale mise en place.
L'organisation mise en place repose sur la présence, dans
chacun des cinq Secteurs :
D’un pôle chargé des orientations générales
et de la coordination : Maires adjoints de quartiers et un membre
de la direction générale, qui encadre les responsables
techniques et animation.
De trois pôles opérationnels :
- Un pôle chargé du cadre de vie quotidien et des
interventions techniques. Ce pôle est placé sous
la responsabilité d’un responsable technique de secteur
-RTS- qui coordonne une équipe technique territorialisée
-voirie propreté, voirie travaux, atelier, travaux bâtiments,
sports, propreté des bâtiments. Le RTS gère
l'activité, les priorités d'intervention des équipes
des différents services techniques de proximité,
mais pas directement du personnel. Ce choix a été
fait pour maintenir un lien entre les équipes et un service
thématique afin de garder une articulation constante entre
territoire et thématique. Il répond au souci de
ne pas trop alourdir la tâches des responsables de territoire
par de la gestion pour se consacrer à la relation avec
la population et l’amélioration de la transversalité
entre services.
- Un pôle chargé de l’animation socio-culturelle.
Ce pôle est placé sous la responsabilité d’un
Responsable de Secteur pour l’Animation (RSA) qui coordonne
une équipe territorialisée (jeunesse, enfance, culture,
social). Il n'a pas plus que le RTS de relation de supérieur
hiérarchique avec les agents.
- Un pôle chargé de la vie citoyenne et des projets
de quartier, avec un coordinateur de projet de quartier développement
social urbain.
A terme, cette organisation sera complétée, sur
trois des cinq secteurs, par un pôle prestations administratives,
accès aux droits, prenant la forme d'un Pôle d’Information
Multi Services (PIMS). Ce type d'équipement, qui fonctionne
suivant une logique de plate-forme de services publics, existe
déjà depuis 2 ans et demi sur l'un des cinq Secteurs.
En matière d' implantations physiques, cinq antennes implantées
dans les quartiers sont ouvertes au public et accueillent les
responsable des trois pôles. Dans chaque antenne, une secrétaire/accueil
et deux arpenteurs assistent RTS et RSA. Les arpenteurs sont en
particulier chargés de détecter les problèmes,
d’informer la population, etc. Au total, 700 agents ont été
redéployés dans les Secteurs.
Les équipes territoriales sont chargées de répondre,
dans le cadre le plus transversal possible, aux besoins quotidiens
des habitants et de faire le relais avec les service centraux.
En application d’un principe de subsidiarité, l’équipe
territoriale constitue le point d’entrée de droit
commun dans les services municipaux. Seul ce qui ne peut pas être
traité par les équipes territoriales remonte au
niveau central. Ainsi, pour toutes les interventions de nature
technique, l’antenne de secteur et le Responsable Technique
de Secteur constituent le guichet unique des demandes, tant de
la population que des responsables d’établissement.
A partir de cette demande, le RTS peut agir directement avec ses
moyens propres ou bien faire appel aux moyens centraux qui doivent
être, dans la mesure du possible, à sa disposition,
dans la mesure où la territorialisation doit être
la priorité de tous. Ce dernier point montre que la "territorialisation"
ne se résume pas aux équipes territoriales. Ce sont
les personnes, les structures visibles au contact, mais la territorialisation,
qui est aussi l’amélioration du service public au
travers d’une plus grande proximité, ne peut résulter
que de la mobilisation de l’ensemble de la Commune.
Conseils de Quartier
Les élus de quartier sont les interlocuteurs directs des
Conseils de Quartier. Au plan administratif, l’équipe
territoriale est en relation étroite avec le Conseil de
Quartier. Par ailleurs sont mis en place d’autres dispositifs
de participation des habitants souvent pilotés par le DSU
mais auxquels sont intégrées les antennes avec le
Responsable Technique de Secteur et le Responsable de Secteur
pour l'Animation.
Enjeux et perspectives
Lien avec les démarches participatives (dans cette dimension
enjeux et perspectives )
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Une démarche pour dépasser les obstacles
Dans le cadre de la mise en oeuvre opérationnelle de la
territorialisation, plusieurs difficultés ont progressivement
émergé :
L’exigence de la polyvalence globale du dispositif a pu faire
craindre aux agents concernés une exigence de polyvalence
individuelle, source de déqualification professionnelle.
Dans un contexte budgétaire difficile et avec une réorganisation
sans effectifs supplémentaires, la territorialisation a
pu susciter des interrogations, notamment avec la crainte d’une
inflation de la demande liée à une plus grande proximité
avec les habitants.
Les positionnements nouveaux de cadres intermédiaires à
l’intersection du thématique et du territorial ont
dû, surtout au demarrage, faire l’objet d’ajustements
importants.
Pour "lever" les nombreuses difficultés qui se
sont fait jour au fur et à mesure de l’application
de la territorialisation, le dispositif s’est appuyé
sur :
- La participation active des agents à l’élaboration.
- Des logiques expérimentales sur certains champs d’action.
- L’expérience accumulée par la mission Développement
Social Urbain dans les approches transversales.
Actuellement, sans que l'on dispose d’outils de mesures extrèmement
précis -ce qui constitue un objectif-, les effets du dispositif
sont importants en terme de visibilité de l’action,
de cohérence de l’action municipale, de suivi et de
lisibilité de l’action dans les quartiers, d’une
meilleure articulation entre politiques territoriales et thématiques.
Ces effets ont pu être mesurés à la fois au
sein des Conseils de Quartier que par les réactions des
habitants au niveau des antennes de quartiers. Le fait d’avoir
un interlocuteur identifié dans le quartier chargé
de régler les questions quotidienne est particulièrement
apprécié.
Approfondir le lien avec les services centraux, compléter
les plateformes de services publics, évaluer
Le choix par la ville de Montreuil d’un "modèle"
de territorialisation global est un choix de long terme qui vise
à une cohérence forte. Cependant, après trois
ans, le processus est loin d’être abouti. Il faut notamment
veiller à l’implication des services centraux, enjeu
qui devient réellement stratégique aujourd’hui
dans la mesure où les dispositifs territoriaux sont en
place. La constitution effective de lieux de dialogue -et aussi
d’arbitrage quand c’est nécessaire-, l’amélioration
de la circulation de l’information entre le territorial et
le thématique, la mise en place de deux nouvelles plate
forme de services publics sur des territoires non couverts constituent
les perspectives d’actualité.
La mise en place d’une démarche qualité et
d’une évaluation en continu constituent également
des outils indispensables au pilotage et à la perennité
de la démarche de territorialisation engagée.
Contacts
Mairie de Montreuil : 01 48 70 69 00
Simon Movermann Directeur |
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